À chaque quart de travail, les policiers doivent faire face à plus d’une situation dramatique et assistent régulièrement à l'issue du pire moment de la vie d’une personne.
Il en résulte d’une part qu’ils s’habituent en quelque sorte à ces situations et se désensibilisent peu à peu de celles-ci au fil du temps.
D’autre part, ces policiers développent différentes stratégies d’adaptation pour être capables d’accomplir leur travail en gardant la tête froide, sans perdre le contrôle de leurs émotions. Le rire et l’humour en font partie.
De plus, des policiers peuvent rire et blaguer dans l’intention d’établir un rapport avec un citoyen ou d'alléger l’atmosphère.
Certains plaignants reprochent à des policiers de rire et de blaguer alors qu’ils vivent une situation tragique comme la perte d’un proche. Ces policiers ne riront pas nécessairement pendant qu’ils interagissent avec le plaignant. Certains rient entre eux alors qu’ils sont toujours sur une scène d’intervention, à portée de vue et d’ouïe du citoyen. Dans un tel contexte, le citoyen pourrait percevoir que le policier est indifférent ou n’a pas d’empathie par rapport à la situation qu’il vit, alors qu’il s’attend plutôt à ce que le policier soit source de réconfort.
D’autres citoyens reprochent aux policiers de rire et de blaguer, car ils perçoivent ces gestes comme une forme d’humiliation supplémentaire dans un contexte où le policier exerce une forme de répression sur eux. Plus un citoyen se sent impuissant ou humilié, plus il est susceptible d’interpréter chacun des gestes et propos du policier en ce sens.
Des policiers peuvent se mettre à rire d’un « citoyen difficile » lorsqu’ils perdent contrôle de leurs émotions (colère, irritation). Cette réaction semble alors être une alternative passive-agressive à l'usage de la violence verbale ou physique.
Enfin, des plaignants perçoivent l’usage du rire et de l’humour comme un manque de professionnalisme policier général.
Voici l’extrait d’une plainte (référée en conciliation) d’une femme qui s'est mise à pleurer par nervosité lors d’une interception routière :
Ils m’ont laissé partir dans cet état et je les voyais rire dans mon rétroviseur. Je comprends que c’est leur travail de m’arrêter, mais ce n’est pas leur travail de rire de moi et de me laisser partir comme ça. Leur travail est de me faire sentir en sécurité, pas de m’intimider. Je trouve ça dégradant et sans classe. Ces gens sont sensés me protéger. Comment est-ce que je peux croire que ces agents qui riaient de moi vont être là lorsque j’aurai besoin d’eux? |
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