Les facteurs qui influencent les perceptions du public à l'endroit de la police sont beaucoup plus importants que ce que les policiers peuvent individuellement contrôler. Il est vital que les leaders policiers soutiennent adéquatement l’objectif de favoriser de meilleures relations de confiance entre le public et la police.
L’article Favoriser la confiance des citoyens envers une organisation policière aborde ce que les organisations peuvent faire en ce sens. Nous abordons ici spécifiquement le rôle des superviseurs de relève et des gestionnaires de second niveau.
Au cours des dernières années, il y a eu de plus en plus de discussions dans les communautés et dans les médias traditionnels et sociaux à propos d’une diminution de la confiance du public envers la police. Est-ce que ce sentiment reflète réellement l’opinion générale de la population? Veuillez consulter Perceptions du public à l’égard des services de police dans les provinces canadiennes à ce sujet.
Si celle-ci est bel et bien réelle, une grande partie de cette perte de confiance ne fut pas causée par les agissements de la police québécoise, mais plutôt par la forte médiatisation d’incidents comportant des usages meurtriers de la force de la part de policiers des États-Unis, souvent envers des personnes racisées ou en situation de vulnérabilité.
Cela signifie que toute allégation médiatisée d'inconduite policière, qu'elle s’avère légitime ou non, entache la profession policière. Ainsi, des policiers qui font pourtant preuve d'une conduite exemplaire doivent donc injustement subir les répercussions de chaque erreur ou inconduite commise par un autre policier.
Voici les actions que les superviseurs et les gestionnaires de deuxième niveau peuvent entreprendre pour atténuer les impacts négatifs d'une perte de confiance de la population communiquée dans les médias sociaux et traditionnels sur leur personnel policier.
D'abord, les gestionnaires de tous niveaux doivent comprendre et bien expliquer à son personnel policier l'importance de la confiance du public.
La confiance du public est la pierre angulaire de la police. Si la population n’a pas confiance envers la police ou envers une organisation policière :
Le sentiment anti-police peut être hautement nocif pour les relations police-citoyens, de même que sur la culture policière et sur les policiers individuels :
Cercle vicieux ou prophétie autoréalisatrice?
Ainsi, dans le climat actuel, les sentiments qu’ont les policiers envers les citoyens sont parfois ambivalents. Bien qu’une forte majorité d’entre eux aient choisi la profession dans une volonté profonde d'aider et de protéger la population, les nombreuses frustrations générées en lien avec leurs interactions avec les citoyens peuvent mener les agents de la paix vers un profond désillusionnement, suivi d’un cynisme et d’un désengagement. Nombreux sont les policiers à percevoir que leur travail est ingrat et profondément incompris. Cette perception est certainement exacerbée depuis l’avènement de l’Internet et des téléphones intelligents, qui ont amplifié la médiatisation des incidents entre policiers et citoyens et la visibilité d'opinions négatives à l'égard de la police.
Il est compréhensible que, dans un contexte où ils sont constamment mis dans une position défensive, les policiers aient davantage de difficulté à entrevoir le sujet de la confiance du citoyen de façon neutre, objective et désintéressée.
Voici de quelles façons les superviseurs et les gestionnaires de deuxième niveau peuvent agir concrètement sur le lien de confiance bidirectionnel entre les policiers et les citoyens :
Réagir adéquatement face aux problèmes de moral de son équipe
Il s’agit tout d’abord d’un défi de taille pour un superviseur de relève ou d’un gestionnaire de deuxième niveau d’avoir une vision globale de l’importance de favoriser la confiance du public, tout en étant collé à la réalité policière, et en ayant pour mandat de soutenir son personnel policier quotidiennement.
D’un côté, il est crucial que les membres de l’équipe d’un superviseur ou d’un gestionnaire se sentent à l’aise de ventiler sur le milieu de travail. Les superviseurs et gestionnaires ne doivent pas donner l’impression de manquer d’empathie face à la réalité que vivent leurs policiers, ou alors donner l’impression qu’ils ne sont pas dignes de confiance ou que ce n’est pas approprié de s’exprimer sincèrement en leur présence.
Il est toutefois important pour le superviseur ou le gestionnaire de second niveau de rappeler l’importance de la confiance du citoyen et de trouver le juste ton pour éduquer les membres de son personnel policier ou remettre les pendules à l’heure sur ces questions. Plus un superviseur ou un gestionnaire véhicule ou laisse circuler des propos hautement négatifs et non nuancés sur les citoyens, plus le moral et la santé psychologique des membres de l'équipe risquent de se détériorer et plus il est probable que ceux-ci deviennent prédisposés à adopter un comportement à risque lors de leurs interactions avec le public.
Gérer adéquatement la conduite de son personnel policier
Un superviseur ou un gestionnaire ne doit jamais oublier qu’il n’a pas seulement la responsabilité de montrer l'exemple en se comportant conformément aux valeurs de son organisation et aux devoirs du Code de déontologie des policiers du Québec. Il devrait aussi, conformément à son leadership, contribuer au développement d’une culture policière reflétant ces valeurs organisationnelles et ces devoirs policiers.
Lorsque des incidents liés à une grave inconduite policière surviennent et mettent une organisation policière dans l'embarras, on découvre souvent que certains superviseurs ou gestionnaires ont négligé d’agir alors qu’ils ont eu connaissance à plusieurs reprises au préalable que le policier fautif adoptait un ou plusieurs comportements à risque. Or, il est probable que des interventions de gestion auraient pu prévenir l’occurrence de cet incident grave et la fin prématurée de la carrière de ce policier. Intervenir tôt, c'est soutenir un policier qui en a besoin.
À l'inverse, il est tout aussi important pour un gestionnaire de prendre le temps de reconnaître positivement auprès de leurs policiers adoptant des attitudes et des comportements reflétant les valeurs de l'organisation et conformes au Code de déontologie des policiers du Québec.
Être compétent
Comme dans toute organisation, les superviseurs et gestionnaires sont probablement ceux qui ont le plus d'impact sur la satisfaction au travail de ses employés. Ceux-ci peuvent avoir un impact majeur sur le moral de leur équipe en étant tout simplement compétents dans l'accomplissement de leurs tâches régulières.
Outre les effets négatifs qu'un moral bas peut avoir sur le rendement quotidien et le professionnalisme des policiers, des irritants et des difficultés peuvent impacter négativement le travail des policiers lorsque leurs superviseurs et les gestionnaires de second niveau n'accomplissent pas adéquatement leurs fonctions.
La performance de la police n'est pas seulement la responsabilité des policiers sur le terrain. Tous les superviseurs et les gestionnaires ont un rôle important à jouer pour assurer la prestation d'un service de qualité et garantir que les membres disposent des ressources, du soutien et de l'encadrement nécessaires pour réussir dans leur travail et ainsi prévenir l'occurrence d'incidents générant une perte de confiance chez la population.
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