De multiples études démontrent que plus un agent de la paix traite les citoyens de façon juste, plus ceux-ci sont susceptibles de coopérer volontairement et de percevoir la police comme étant légitime. Ces personnes seront alors moins enclines à déposer une plainte en déontologie policière.
La théorie de la justice procédurale s’appuie sur quatre piliers :
C'est lorsqu'un policier agit de façon respectueuse envers toute personne en toutes circonstances, et ce, même s'il ne la respecte pas. Cela implique de traiter les citoyens poliment et dans la dignité, ainsi que de respecter leurs droits.
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C'est lorsqu'un policier donne l’occasion au citoyen de ventiler, s’exprimer, s’expliquer ou défendre ses points et d’écouter activement ce qu’il a à dire en tentant de comprendre son point de vue sans nécessairement le partager.
Par la suite, il est question de prendre en considération les besoins communiqués par le citoyen dans sa prise de décision ou d'expliquer pourquoi ceux-ci ne seront pas pris en considération.
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C'est lorsqu'un policier communique de façon à montrer que ses décisions ne sont pas biaisées, qu’elles sont désintéressées ou s'appuient sur des critères objectifs. Il s’agit de faire preuve de transparence envers le citoyen en lien avec sa prise de décision et ses actions entreprises.
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C'est lorsqu'un policier agit de façon à donner l’impression aux citoyens qu'il a de bonnes intentions et qu'il se préoccupe de leur bien-être. Il ne s’agit pas seulement d’être digne de confiance lors d’une interaction avec un citoyen. Puisqu’un agent de la paix a pour mission de protéger la population et de faire respecter la loi, tout acte qu'il commet allant à l’encontre de celle-ci, même dans sa vie privée, risque d’entraîner une perte de confiance chez le citoyen.
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Un nombre considérable d’études anglo-saxonnes a déjà démontré la validité de ce modèle et de nouvelles études sont publiées régulièrement sur le sujet. L’application de ces principes dans les pratiques policières favoriserait à la fois la satisfaction et la confiance envers la police, de même que la coopération et l’obéissance des citoyens (Mazerolle et coll., 2013). Elle réduirait aussi le recours à l’usage de la force de même que le nombre de plaintes de citoyens (Wood et coll., 2020).
En effet, la presque totalité des plaintes que nous recevons fait état d’une situation où le plaignant rapporte qu’un ou plus d’un de ces piliers était manquant lors d’une action policière, ce qui l’a amené à perdre suffisamment confiance en la police pour l’amener à déposer une plainte auprès du Commissaire.
Pour favoriser un meilleur lien de confiance avec la population, nous sommes d’avis qu’il est crucial que certains policiers accordent une place plus importante à leur traitement des citoyens et à la façon dont leurs actes et leurs propos pourraient être interprétés alors que ces personnes se trouvent dans une situation vulnérable.
La bonne nouvelle est que la plupart du temps, la solution est simple : renforcer ses compétences communicationnelles auprès des citoyens.
Nous avons commencé à effectuer des rappels sur notre page LinkedIn concernant des techniques de communication tactique que les agents de la paix ont apprises lors de leur passage à l’École nationale de police du Québec ou lors de leur technique policière.
Plusieurs de nos dossiers indiquent que certains policiers tendent à oublier au fil du temps les effets qu’ont leur présence (et celle de leur arme), leur langage corporel, leur ton de voix et leurs propos sur les citoyens avec qui ils interagissent.
Ce phénomène est commun dans les métiers d’urgence (ex. : infirmières, médecins, ambulanciers) et est généralement lié à la désensibilisation graduelle du professionnel face aux situations auxquelles il doit faire face dans le cadre de ses fonctions alors qu’il s’agit d’un moment de grande vulnérabilité du citoyen. Les professionnels d’urgence désensibilisés peuvent alors manquer de considération ou d’empathie, ce qui amplifie le sentiment de vulnérabilité ressenti par ce citoyen et lui fait perdre confiance envers ce professionnel.
Même si ces rappels ne s’avèrent être utiles qu’à une poignée d’agents de la paix pour améliorer la qualité de leurs contacts avec les citoyens et réduire leur risque de faire l’objet d’une plainte, nous sommes d'avis qu'ils en auront valu la peine.
Donner, C., Maskaly, J., Fridell, L., & Jennings, W. G. (2015). Policing and procedural justice: A state-of-the-art review. Policing: an international journal of police strategies & management.
Lévy, R. (2016). La police française à la lumière de la théorie de la justice procédurale. Déviance et société, 40(2), 139-164.
Mazerolle, L., Antrobus, E., Bennett, S., & Tyler, T. R. (2013). Shaping citizen perceptions of police legitimacy: A randomized field trial of procedural justice. Criminology, 51(1), 33-63.
Mazerolle, L., Bennett, S., Davis, J., Sargeant, E., & Manning, M. (2013). Procedural justice and police legitimacy: A systematic review of the research evidence. Journal of experimental criminology, 9(3), 245-274.
Skogan, W. G., Van Craen, M., & Hennessy, C. (2015). Training police for procedural justice. Journal of experimental criminology, 11(3), 319-334.
Wood, G., Tyler, T. R., & Papachristos, A. V. (2020). Procedural justice training reduces police use of force and complaints against officers. Proceedings of the National Academy of Sciences, 117(18), 9815-9821.
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